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Au nord de Paris, les campements de migrants deviennent des bidonvilles

Entre 1 200 et 2 300 personnes, des demandeurs d’asile en majorité, vivent dans des conditions indignes. Un jeune Afghan se serait suicidé début décembre.

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Publié le 13 janvier 2020 à 11h54

Temps de Lecture 2 min.

Des bâches en plastique épais, des grilles de chantier, des portes en bois, des palettes… porte d’Aubervilliers, au nord de Paris, près d’une centaine de cabanes ont été érigées avec des matériaux divers, aux côtés de quelque 700 tentes, sur un sol boueux et glissant, jonché de déchets. Le campement, éclaté à divers endroits qui bordent le périphérique et dans lequel vivent une majorité de migrants demandeurs d’asile, a pris des airs de bidonville. « Les campements du nord de Paris seront évacués avant la fin de l’année », avait pourtant promis le gouvernement, lors de la présentation de son plan « pour améliorer notre politique d’immigration, d’asile et d’intégration », le 6 novembre. Mais la mobilisation des effectifs de police sur le mouvement contre la réforme des retraites et l’anniversaire des « gilets jaunes », semblent avoir grevé cette ambition.

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« Il n’y a jamais eu un campement parisien qui reste aussi longtemps, de façon aussi cachée et marginalisée, s’alarme Louis Barda, coordinateur de Médecins du monde à Paris. Il y a un niveau de violence et de trafic qu’on a rarement connu. » Les incidents rapportés, tels que des bagarres, des menaces, des incendies de tentes, sont réguliers. « La situation est dramatique », confirme une source à la Mairie de Paris. « Il a des lieux où nos équipes ne vont pas », ajoute Pierre Henry, de France Terre d’asile (FTDA).

D’après le décompte effectué par l’association, le 7 janvier, entre 900 et 1 800 personnes se trouvent à cet endroit de la capitale, auxquelles s’ajoutent entre 300 et 500 personnes installées porte de La Villette, non loin, dans un campement plus récent, dont l’apparition est liée à l’évacuation d’un précédent campement porte de la Chapelle et à Saint-Denis, le 7 novembre, et qu’une présence policière empêche de se reconstituer.

L’évacuation du 7 novembre avait aussi eu pour effet de déplacer la population de la « colline du crack », ainsi nommée du fait de la présence d’usagers de drogue. « Aujourd’hui, les deux publics se mélangent porte d’Aubervilliers », remarque Louis Barda. Conséquence de cette promiscuité, « la traumatologie augmente beaucoup dans notre clinique mobile, note M. Barda. On n’arrête pas de soigner des gens qui ont pris des coups suite à des bagarres à l’arme blanche ».

« Impasses fréquentes »

L’installation du campement dans la durée renforce en outre la vulnérabilité des personnes. Le 5 décembre, un jeune Afghan de 21 ans est décédé après avoir chuté du pont du périphérique de la porte d’Aubervilliers. Il s’agirait d’un suicide. « Plus on avance dans le temps, plus les impasses sont fréquentes pour les personnes qui ont eu des parcours traumatiques en Europe. Cela se retrouve dans l’accès à l’hébergement et aux soins », poursuit M. Barda. Parmi les 1 600 personnes évacuées début novembre porte de la Chapelle et à Saint-Denis et mises à l’abri par l’Etat, « 223 ont quitté volontairement leur hébergement », indique la préfecture d’Ile-de-France.

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« Nul doute qu’il y aura de nouveau des campements, dit-on à la Mairie. Vu qu’on ne règle pas le problème des “dublinés” », ces demandeurs d’asile dont les empreintes ont été enregistrées dans un autre Etat membre de l’Union européenne et qui, selon le règlement de Dublin, ne peuvent déposer une demande d’asile en France, sauf à attendre un délai de six à dix-huit mois. Une situation administrative qui nourrit l’errance de ces personnes et leur vie à la rue. Porte d’Aubervilliers, la majorité des demandeurs d’asile sont de nationalité afghane et en procédure Dublin, estime justement FTDA. D’après plusieurs sources, une évacuation de la porte d’Aubervilliers pourrait intervenir fin janvier.

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