La situation sanitaire reste dramatique en Europe, où l’Espagne a dépassé les 4 000 morts jeudi 26 mars et où les hôpitaux de Londres font face à un « tsunami » de malades. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) voit malgré tout des « signes encourageants » de ralentissement de la propagation du nouveau coronavirus sur le continent.
L’Europe paie le plus lourd tribut
Plus de 481 230 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 182 pays et territoires depuis le début de la pandémie, qui a fait au moins 21 867 morts dans le monde depuis son apparition en décembre 2019 en Chine, selon un bilan établi par l’Agence France-presse (AFP) à partir de sources officielles jeudi.
En tout, 15 500 morts ont été recensés en Europe, dont la majorité en Italie (8 165) et en Espagne (4 089), pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19, ainsi qu’en France (1 331). Avec les deux tiers des morts, l’Europe paie à ce stade le plus lourd tribut, étant le continent où la pandémie progresse le plus rapidement. Plus de 250 000 cas de nouveau coronavirus ont été officiellement diagnostiqués sur le continent, dont plus de la moitié en Italie (74 386) et en Espagne (56 188). Devenu mercredi le deuxième pays le plus touché au monde devant la Chine en nombre de morts, l’Espagne a dépassé 4 000 décès jeudi.
Au Royaume-Uni, la situation empire aussi de jour en jour. A Londres, les hôpitaux publics sont ainsi confrontés à un « tsunami continu » de malades graves accompagné d’une proportion « sans précédent » de personnel souffrant, a annoncé jeudi un responsable du système public de santé britannique.
« Bien que la situation reste très préoccupante, nous commençons à voir des signes encourageants », a déclaré jeudi le patron de la branche Europe de l’OMS, Hans Kluge. L’augmentation du nombre de cas en Italie, pays le plus durement touché au monde, semble ralentir « mais il est encore trop tôt pour dire que la pandémie a atteint son apogée dans ce pays », a-t-il ajouté.
L’Allemagne a quant à elle augmenté le nombre de dépistages à 500 000 par semaine, cette détection précoce aidant en partie à maintenir le nombre de décès à un niveau relativement bas, a déclaré un virologue jeudi.
Aux Etats-Unis, plus de trois millions de chômeurs supplémentaires en une semaine
En une semaine 3,283 millions d’Américains se sont inscrits au chômage. La pandémie a fait exploser les demandes hebdomadaires d’allocation chômage aux Etats-Unis. Un record, a annoncé jeudi le département du travail. Ces quelque 3,3 millions de personnes ont fait une première demande d’allocation chômage au cours de la semaine du 15 au 21 mars, soit 3 millions de plus que la semaine précédente, qui avait enregistré 282 000 nouvelles demandes. Le précédent record datant d’octobre 1982 avec 695 000 nouvelles demandes.
Etat d’urgence sanitaire, couvre-feu et confinement décrétés
L’expansion du Covid-19 « menace l’humanité tout entière, a averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. L’ensemble de l’humanité doit riposter. Une action et une solidarité mondiales sont cruciales. » Plus de 3 milliards de personnes, soit plus du tiers de l’humanité (évaluée par l’Organisation des Nations unies, l’ONU, à 7,8 milliards de personnes en 2020), sont désormais appelées à rester confinées, selon un décompte de l’AFP.
La Bolivie a ainsi décrété l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 15 avril afin de « faire respecter la quarantaine » qui était en vigueur depuis dimanche. Cela implique une plus grande participation de l’armée et de la police au contrôle, ainsi que la fermeture des frontières, a précisé la dirigeante.
L’Afrique, mal armée pour faire face à une crise sanitaire de grande ampleur, suscite également de grandes inquiétudes avec l’apparition de premiers cas au Mali ou en Libye, des pays en guerre. L’état d’urgence sanitaire a été adopté au Mali. Toutefois, les élections législatives auraient bien lieu dimanche, comme prévu.
Au Chili, sept communes de l’agglomération de Santiago, soit 1,3 million d’habitants sur les 8 que compte la capitale, vont être confinées pour au moins une semaine. Les autorités ont aussi prolongé jusqu’à la fin d’avril la fermeture des établissements scolaires.
Un isolement est appliqué à Helsinki et sa région, le plus gros foyer de propagation du nouveau coronavirus en Finlande. « Les mouvements d’entrée et de sortie de la région de la capitale vont être interdits », aux individus à partir de vendredi et ce jusqu’au 19 avril, a dit la première ministre, Sanna Marin.
La Chine va fermer ses frontières à la plupart des étrangers
La Chine a largement endigué l’épidémie sur son sol. Les autorités n’ont ainsi rapporté aucun nouveau cas de contamination locale ces deux derniers jours. Mais le pays s’inquiète de l’arrivée de cas « importés » par les voyageurs venus de l’étranger. Plus de 500 cas ont ainsi déjà été recensés. Il s’agit en grande majorité de Chinois revenant chez eux.
Le pays, berceau du nouveau coronavirus, a donc décidé de fermer temporairement ses frontières aux étrangers titulaires de visas ou de permis de séjour en cours de validité, a annoncé jeudi soir le ministère des affaires étrangères. « Il s’agit d’une mesure provisoire que la Chine se voit obligée de prendre pour faire face à l’épidémie, se référant aux pratiques de plusieurs autres pays », a-t-il fait savoir dans un communiqué. La mesure entrera en vigueur samedi à minuit, soit vendredi à 17 heures à Paris.
Le pays imposera également à partir de dimanche une réduction drastique des vols internationaux au départ du pays ou à l’arrivée, a annoncé jeudi le Bureau national de l’aviation civile. Une compagnie chinoise ne pourra désormais plus effectuer qu’une seule liaison hebdomadaire depuis la Chine vers un pays tiers. Dans le même esprit, une compagnie étrangère ne pourra maintenir qu’une seule desserte par semaine vers la Chine.
La Chine (sans les territoires de Hongkong et de Macao) a dénombré 81 285 cas (67 nouveaux entre mercredi et jeudi), dont 3 287 décès (6 nouveaux) et 74 051 guérisons.
Le G20 va injecter 5 000 milliards de dollars pour soutenir l’économie mondiale
La pandémie de Covid-19 fait peser de lourdes menaces sur l’économie mondiale. Un sommet par visioconférence s’est tenu jeudi, à un moment où les grandes puissances s’activent pour atténuer les effets de la pandémie sur leurs propres économies, comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou l’Arabie saoudite qui préside le G20 cette année.
Les pays membres du G20 ont annoncé leur intention d’injecter « plus de 5 000 milliards de dollars » dans l’économie mondiale pour « contrer les répercussions sociales, économiques et financières de la pandémie » du nouveau coronavirus. Les vingt plus grandes économies mondiales ont en outre appelé les institutions, dont l’OMS et le Fonds monétaire international, à « aider les pays émergents et en développement à faire face aux chocs sanitaires, économiques et sociaux du Covid-19 ».
L’Unicef a par ailleurs averti que le nouveau coronavirus, qui a poussé des milliards de personnes au confinement, empêche la vaccination de nombreux enfants, et les conséquences s’annoncent particulièrement graves pour les plus pauvres d’entre eux, qui vivent dans des pays en conflit ou affectés par des catastrophes naturelles. Le Parlement européen consacre aussi une session spéciale à des mesures d’urgence face au coronavirus.
Ces réunions en urgence surviennent au lendemain de l’adoption par le Sénat américain d’un plan de soutien à l’économie américaine de 2 000 milliards de dollars aux Etats-Unis, et de l’adoption en Allemagne d’un arsenal de mesures de 1 100 milliards d’euros.
Après deux séances de gains, la Bourse de Tokyo a lourdement chuté jeudi, sur fond de crainte d’une flambée de l’épidémie dans la capitale japonaise, dont les habitants sont invités à éviter les déplacements ce week-end, mais ne sont pas confinés. Londres, Francfort et Paris, qui avaient repris espoir ces deux derniers jours, ont également ouvert en baisse, effrayés par la propagation de l’épidémie, en particulier aux Etats-Unis, première économie de la planète.
Un plan d’aide d’urgence de 107 milliards de dollars canadiens (69 milliards d’euros) a été validé par le Parlement canadien. La Banque d’Angleterre doit, elle, dévoiler jeudi ses dernières décisions de politique monétaire après avoir déjà sorti l’artillerie lourde la semaine dernière.
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