Photo d'un bâtiment de la Marine française ayant porté secours aux migrants naufragés de la Manche, le 27 octobre. Crédit : Reuters
Photo d'un bâtiment de la Marine française ayant porté secours aux migrants naufragés de la Manche, le 27 octobre. Crédit : Reuters

Deux adultes et deux enfants sont morts mardi dans le naufrage d'une embarcation de migrants au large de Dunkerque, selon un bilan encore provisoire des autorités.

La Manche a connu, mardi 27 octobre, son plus grave drame migratoire, avec le décès d'un homme, une femme et deux enfants de 5 et 8 ans dans le naufrage d'un bateau en route vers les côtes anglaises. Un bilan encore provisoire.

Prévenus dans la matinée, les secours avaient d'abord découvert le corps d'un homme et tenté de ranimer trois personnes retrouvées en arrêt cardio-respiratoire, qui ont finalement succombé. Selon une source proche des secours, deux des victimes ont été retrouvées dans l'épave du bateau par des plongeurs de la Marine nationale, peu après le drame

Quinze rescapés, hommes, femmes et enfants, de nationalité iranienne selon les premiers éléments, ont été pris en charge et répartis dans les hôpitaux de Calais et de Dunkerque, dont un homme en urgence absolue, mais son pronostic vital "n'est plus engagé", a indiqué la préfecture du Nord.

D'après les premiers témoignages de migrants recueillis sur place, "il manquerait une personne qui pourrait être un nourrisson", a indiqué à la mi-journée le sous-préfet Hervé Tourmente, lors d'un point de presse organisé à Loon-Plage (Nord). Le nombre exact de passagers n'est pas encore consolidé, "de 19 à 20", selon le sous-préfet.

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L'embarcation, apparemment un bateau de pêche-promenade, a été signalée en train de se retourner et de couler vers 9h30 par un plaisancier anglais, déclenchant une vaste opération de recherches mobilisant six embarcations et trois moyens aériens. Elle a pris fin avec la tombée de la nuit.

Une enquête a été ouverte et confiée à la Police des frontières, pour des qualificatifs d'homicide et blessures involontaires, a précisé le parquet. Les conditions météo pour cette traversée "n'étaient pas favorables du tout", a relevé Hervé Tourmente. Les autorités préfectorales avaient d'ailleurs annoncé des "conditions météo difficiles du mardi 27 au vendredi 30 octobre 2020 sur toute la façade maritime Manche et mer du Nord".

Un lourd bilan en 2020

Depuis plusieurs mois, les tentatives de traversées de la Manche sur des embarcations parfois très précaires se sont multipliées. Selon la préfecture maritime, trois décès avaient été comptabilisés jusqu'à ce jour en 2020, contre quatre en 2019. Le naufrage du 27 octobre porte donc à sept le nombre de personnes décédées lors d'une traversée irrégulière de la Manche cette année.

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Le 18 octobre, un homme avait été retrouvé mort sur une plage de Sangatte, vêtu d'un gilet de sauvetage. Deux mois plus tôt, un autre homme, avait lui aussi été découvert à Sangatte après le naufrage de son embarcation de fortune. Un troisième homme est décédé au mois de mai et avait été retrouvé près de l'écluse Carnot dans le port de Calais.

La trentaine de kilomètres qui séparent la Côte d'Opale française des falaises calcaires de Douvres, visibles par temps clair sur la côte britannique, sont réputés comme l'une des voies maritimes les plus fréquentées et dangereuses au monde.

Pourtant, depuis 2018, les tentatives de traversée se multiplient. Entre le 1er janvier et le 31 août, 6 200 migrants - selon la préfecture maritime française de la Manche et de la mer du Nord - ont tenté leur chance, sur un bateau pneumatique pour les plus aisés, un paddle, un kayak ou une simple bouée pour les autres.

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