Ces naufragés secourus vendredi par le Mare Jonio ont pu débarquer le lendemain en Sicile. Crédit : Mediterranea Saving Humans
Ces naufragés secourus vendredi par le Mare Jonio ont pu débarquer le lendemain en Sicile. Crédit : Mediterranea Saving Humans

Le navire humanitaire italien Mare Jonio a été autorisé à débarquer ses 67 rescapés au port sicilien de Pozzallo, samedi, moins de 24 heures après le sauvetage. Peu après, l'équipage de l'Allemand Sea Watch 3, a reçu, quant à lui, l'autorisation de transférer ses 211 naufragés sur un ferry au large des côtes siciliennes où ils ont été placés en quarantaine pour 14 jours. L'ONG allemande dénonce "un système à deux vitesses".

Il s'agit du premier débarquement depuis les mesures de confinement prises à travers l'Europe en raison du Covid-19 : les 67 migrants secourus par le navire humanitaire Mare Jonio ont été accueillis au port de Pozzallo en Sicile, samedi 20 juin, journée mondiale des réfugiés. Leur débarquement intervient moins de 24 heures après leur sauvetage, vendredi, au large des côtes de l'île italienne de Lampedusa.

Dans un communiqué, Mediterranea, le collectif qui affrète le Mare Jonio, s'est réjoui de la rapidité inhabituelle avec laquelle un port sûr leur a été attribué pour débarquer les rescapés. L'attente en mer dure généralement plusieurs jours, voire plusieurs semaines, le temps qu'un accord de répartition des migrants soit trouvé entre plusieurs pays européens.

"Pour une fois, on peut estimer que le droit international obligeant à offrir un port sûr, en peu de temps, a été respecté", a déclaré Alessandra Sciurba, une porte-parole de Mediterranea.

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D'après le collectif italien, les personnes secourues sont en bonne santé "mais sont très éprouvées après avoir passé de nombreux jours en détresse en mer dont au moins 48 heures sans eau". L'organisation précise que la plateforme téléphonique d'aide au migrants Alarm Phone "avait signalé l'embarcation à la dérive mais ni les autorités italiennes ni les autorités maltaises n'avaient pris de mesures pour sauver les naufragés".

Les 211 migrants secourus par le Sea Watch 3 en quarantaine

Peu après, le Sea Watch 3 de l'ONG allemande éponyme a, quant à lui, reçu l'autorisation de transférer ses 211 rescapés vers un ferry au large de Porto Empedocle, également en Sicile. À leur arrivée au port, dimanche, les migrants ont subi un contrôle médical avant d'être placés pour deux semaines en quarantaine "par précaution" sur le ferry Moby Zazà.

"Un ferry ne peut pas être considéré comme un port sûr. Nous ne sommes pas d'accord avec le concept de quarantaine en mer, mais avons accepté ce transfert dans le meilleur intérêt des naufragés", a tweeté Sea-Watch, appelant à une répartition de ses migrants au sein de l'Union européenne, "sans délai" et à un traitement égal de toutes les personnes secourues par des navires humanitaires.

L'ONG allemande estime, en effet, que ses naufragés peuvent être placés en quarantaine en vertu de mesures sanitaires préventives. Mais que "la pandémie ne doit pas servir de prétexte politique pour créer un système à deux vitesses" dans lequel certains peuvent débarquer leurs naufragés à terre tandis que d'autres sont contraints à la quarantaine en mer.

Avec l'arrivée de l'été et de meilleures conditions de navigation, les tentatives de traversée depuis la Libye pourraient se multiplier dans les prochaines semaines. Déjà, Médecins sans frontières a noté que ces derniers jours ont été "les plus intenses de l'année" avec "au moins 800 personnes essayant de fuir la Libye à la recherche d'un port sûr". La plupart d'entre elles ont été interceptées par les garde-côtes libyens et envoyées en centres de détention.

Le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Flavio Di Giacomo, a indiqué qu'au moins 227 personnes étaient mortes lors d'une tentative de traversée de la Méditerranée depuis le début de l'année. "Cela reste un périple extrêmement dangereux, avec notamment deux naufrages la semaine dernière et un aujourd'hui", a-t-il expliqué, samedi, à l'AFP.

 

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